EN DIRECT
COP 29 : Une conclusion amère pour les victimes climatiques ? - PANA RADIO
COP 29 : Une conclusion amère pour les victimes climatiques ? - PANA RADIO

Attendue comme une solution magique face au changement climatique qui secoue le monde, la COP29 semble n’avoir servi à rien, pour construire une digue assez solide face à un fléau climatique à une vitesse de fusée.

Tout au long de la COP, les discussions et tendances des négociateurs issus des pays du Sud et des ONG, ont convergé vers une mise sur la table, de plus ou moins 5 000 Milliards de dollars, montant estimé plus ou moins proportionnel à la réparation des dommages et effets collatéraux en lien avec le changement climatique, mais aussi pouvant permettre aux populations victimes de développer des mécanismes de mitigations des effets accélérateurs du changement climatique.

Lire aussi : COP28 : Encore des promesses ! Et après ?

1/16ème du montant requis

Seuls 300 Milliards de dollars ont été fixés comme montant qui devra être débloqué par les pollueurs chaque année, et cela, de 2025 à 2035. C’est l’équivalent de 1/16 (Un seizième) du montant requis. Cette conclusion faite sur fond d’un émiettement des revendications des pays du Sud, annonce une décennie amère, pour ceux qui, innocemment, endurent déjà les revers du changement climatique.

Une déception !

Face à cette promesse de 300 milliards de dollars de financement climatique, les pays en développement se disent être déçus, malgré sa légère majoration de 100 à 300 milliards de dollars annuels. Chandni Raina, déléguée indienne, dénonce elle, « un document qui n’est guère plus qu’une illusion d’optique, car cela ne résoudra pas l’énormité du défi climatique ». C’est par ailleurs pour Anderson de Actionaid, «  un document qui n’offre aucune garantie d’un véritable financement sous forme de subventions à ceux qui sont en première ligne ». Cette COP tout comme son issue erronées sont qualifiées par les négociateurs, comme « l’une des plus décevantes de la dernière décennie ». Pire encore, c’est que les 300 milliards incluent aussi tous les éventuels prêts qui seront contractés par les pays en développement auprès des pays riches.

10 Prochaines années, entre incertitude et contradiction

Il est attendu dès le premier trimestre de 2025, de nouveaux plans nationaux sur la réduction des émissions. Mais l’incertitude et le doute laissent planer sur cet engagement qui ne sera pas le premier de l’histoire. Pour être mis en œuvre, ces engagements attendus tout comme les résolutions de la COP29 risquent de se buter à trois principaux obstacles :

D’abord une administration Trump aux États-Unis, qui pourrait annuler des avancées climatiques, quand on sait que Trumb est connu pour son insouciance vis-à-vis du changement climatique et ses effets.

Ensuite, une rigidité des pays riches responsables de 75 % de la croissance des émissions mondiales au cours de la dernière décennie, mais pas du tout prêts à s’inscrire sur une logique de la réduction desdites émissions ;

Et enfin, un refus catégorique des entreprises et pays fossiles à entériner le plan d’abandon des énergies fossiles pour une transition énergétique salutaire pour la survie de la planète.

Les récentes déclarations du président Azerbaïdjanais en pleine COP même, viennent amplifier une situation déjà critique, face à l’adoption ou non, de la transition énergétique. BBC et RFI, reprennent dans leurs publications sur la COP29, des allégations selon lesquelles, le président Ilham Aliyev a été surpris en flagrant délit de signature en coulisses, des accords sur la promotion des énergies fossiles, ce qui entre en contradiction avec les objectifs visant à réduire sensiblement le recours aux énergies fossiles.

Ce n’est pas tout ! Ilham Aliyev, président de l’Azerbaïdjan dont l’économie repose essentiellement sur les exportations pétrolière et gazière, a enflammé les tensions en qualifiant le pétrole et le gaz de « don de Dieu » et en accusant les médias et les ONG de diffuser des « fausses informations ». Ces déclaration et acte d’Aliyev  sont plutôt qualifiés d’incompatible avec les objectifs de réduction des émissions.

Lire aussi : Goma : Atelier de restitution restitution de la COP 29 par le Global Platform RDC /ActionAid

Rigidité des pollueurs, la Chine fait la différence

A la COP29, tous les pays pollueurs ont campé sur leurs décisions en outrant les revendications des pays du Sud. Mais la Chine a décidé de contribuer volontairement au financement climatique. C’est un bon exemple, reconnait LiShuo de l’Asia Society Policy Institute, qui déclare que « la Chine devient plus transparente quant à son soutien financier aux pays du Sud, ce qui pourrait inciter le pays à jouer un rôle plus important ».

En outre, même si les Etats Unis peinent à inscrire la Chine sur la liste des pays développés, cet Etat est un véritable paradoxe mondial. En effet, sur l’échiquier mondial de pollution, la Chine émet plus ou moins 32 % de CO2. En revanche, le pays est aujourd’hui connu comme  leader dans la  transition énergétique en ce sens que plus de la moitié de ses véhicules utilisés sont électriques et qu’il dispose maintenant de 99 % des bus électriques au monde.

En outre, en dépit de ces avancées, la Chine enregistre  chaque année, plus ou moins 2 Millions de décès suite à une pollution quasi croissante dans le pays, fait remarquer cairn.info.

COP 29, entre méfiance et frustration

La méfiance des pays du Nord vis-à-vis des revendications de ceux du Sud qui aujourd’hui payent le revers du changement climatique, a énervé les négociateurs et les militants, privés d’ailleurs de manifester.   Plusieurs d’entre eux venus du Congo Kinshasa, du Kenya, du Népal ou encore du Nigeria, ont fait part de leur frustration face à la marginalisation de leurs voix. Ils s’indignent qu’ils n’aient pas été écoutés alors qu’eux et leurs communautés d’origine endurent les conséquences dramatiques du changement climatique, entre autre sécheresse, inondations, crise alimentaire, catastrophes naturelles, refugiés climatiques…

Lire aussi : COP 29: Déclaration de ActionAide pour débloquer les fonds pour la transition énergétique

L’ampleur des divergences entre le Nord et le Sud lors des discussions à la COP29, fait office des divisions profondes et des frustrations croissantes, précurseur d’un combat qui devient de plus en plus rude sans aider malheureusement les populations vulnérables et perpétuellement incomprises.

Pourtant, les crises n’attendent pas l’entente des hommes. D’où, la récente et pressante interpellation de Flora Vano, directrice nationale d’ActionAid Vanuatu, lors de l’audience à Cour Internationale de Justice (CIJ ndlr) le 3 décembre 2024 je cite : « Nous avons perdu face aux crises climatiques, les larmes que nous versons lorsque nous sommes impuissants et la douleur que nous endurons à cause des pertes que nous rencontrons. Dans nos communautés, nous nous préparons constamment, mais nous ne nous sommes jamais relevés. Nous devons sauver la nation pour les générations futures », fin de citation. Cette interpellation de Flora, remet à table l’urgence qu’il y a de dépasser les divergences stériles, pour des grandes décisions, gage de l’avenir mondial. Le moment d’agir pour sauver la planète, c’est maintenant !

Lire aussi : Cop-28 : la RDC face à un foncé entre ses gains et ses potentialités

John TSONGO, journaliste scientifique spécialisé en questions de science, santé et environnement, chercheur, écrivain et cofondateur de la Radio Panafricaine

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *