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COP29 : Naissance du G-Zéro, entre ambitions et contradictions ? - PANA RADIO
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« La lutte contre le changement climatique ne peut se faire au détriment du bien-être de la population », c’est ce qu’a déclaré le Ministre malgache de l’environnement à la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. Pourtant, son pays où l’industrialisation croissante et la pression démographique représentent des menaces pour l’environnement, a rejoint à Bakou même, le groupe des « petits pays » qui réclament une neutralité carbone auprès de la communauté internationale. Quelles chances ont ces pays à se faire comprendre et servir ? Leur initiative sera-t-elle durable dans le temps ? Qu’est-ce qui pourrait les contredire ou les soutenir ? Cet article revient sur la question dans les paragraphes en aval.

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En fait, lors des échanges sur les grands objectifs financiers et politiques de la COP29 à Bakou, un petit groupe de nations moins influentes a pris la parole pour revendiquer une reconnaissance officielle de leur statut unique en matière climatique. Ces pays, dont le Madagascar avec à ses côtés le Bhoutan, le Panama ou encore le Surinam, attestent absorber plus de CO2 qu’ils n’en génèrent, et souhaitent que leur engagement en faveur de la neutralité carbone soit reconnu par le concert des grands : « la communauté internationale ».

Quid du G-Zéro ?

Tambour battant, lors de la COP29, ces pays ont fait un front commun qu’ils ont baptisé « G-Zero », dont la présidence sera tournante. Mais pour l’instant, cette dernière est assurée par le Bhoutan.

G-Zéro, pourquoi ?

L’objectif du G-Zéro est selon ses animateurs,  d’obtenir la reconnaissance officielle de l’ONU pour les États qui parviennent à un bilan carbone « neutre » ou « négatif ». C’est donc pour dire, que ces pays qui séquestrent plus de carbone qu’ils n’en produisent, devraient bénéficier d’un traitement particulier,  en termes de légitimité diplomatique et des avantages financiers, notamment des compensations pour leurs efforts environnementaux. Le G-Zero appelle donc à un soutien accru de la communauté internationale pour aider ces pays vulnérables à maintenir leur statut de neutralité carbone. Ils demandent une aide financière et technique pour atténuer les impacts du changement climatique, qui pèsent lourdement sur les pays en développement, souvent les moins responsables des émissions mondiales.

G-Zéro, à tort ou à raison ?

Depuis 2009, le Bhoutan qui assure d’ores et déjà la présidence dudit club, a affiché d’importantes performances en termes de gestion du carbone, d’où son statut  de pays « négatif en carbone ». Le monde se souvient encore qu’en 2015, ses forêts ont capté trois fois plus de CO2 que les émissions de ses 760 000 habitants. Le pays a atteint cet objectif grâce à une constitution qui impose un couvert forestier minimum de 60 %, au détriment de son développement agricole. Par ailleurs, le Panama, le Surinam et le Madagascar bénéficient également de vastes forêts primaires qui les aident à maintenir une balance carbone favorable, d’où leurs revendications. Reste alors à savoir s’ils seront écoutés et/ou servis selon leur désidérata.

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Quoi qu’il en soit en outre, ces mêmes pays qui clament neutralité carbone, sont aussi concernés par un essor industriel croissant couplé à la pression démographique qui représente des menaces non moins importantes sur l’environnement. L’exemple éloquent est celui du Madagascar qui, selon les études, risque de rejoindre le concert des producteurs du CO2 d’ici 2026, si rien n’est fait, quand on sait pertinemment que « la déforestation massive et la fragilité des puits de carbone » ont été ces derniers temps au rendez-vous dans ce pays. Pire encore pour ce pays, son ministre de l’Environnement, Max Andonirina Fontaine, a clairement souligné « que le développement de son pays doit rester une priorité, et que la lutte contre le changement climatique ne peut se faire au détriment du bien-être de la population », un message qui contraste avec l’ADN du G-Zéro dont le pays fait pourtant partie.

En réalité, bien que la neutralité carbone soit un objectif ambitieux, ces pays risquent, s’ils ne prennent pas des précautions nécessaires,  de perturber leur équilibre naturel vis-à-vis des défis de l’industrialisation et du changement climatique. Mais n’en déplaise, les différentes réalités attachées aux enjeux climatiques et environnementaux, s’invitent sur les tables de planification, des questions de développement économique local couplées aux urgences d’assoir une lutte soutenue contre les effets du réchauffement climatique qui hante aujourd’hui la planète.

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John TSONGO, journaliste scientifique spécialisé en questions de science, santé et environnement, chercheur, écrivain et cofondateur de la Radio Panafricaine

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