La transition écologique mondiale avance, mais sans justice sociale ni participation des communautés. Elle risque de créer plus de souffrances qu’elle n’en résout, craint ActionAid qui appelle à un changement de cap immédiat pour financer une transition juste, équitable et humaine.
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Dans son récent rapport (paru en Novembre 2025) sur cette thématique à quelques jours de la COP30, ActionAid dénonce le manque dramatique de financement pour une “transition juste” — c’est-à-dire une transition écologique qui protège les travailleurs, les femmes et les communautés locales — alors que le monde se prépare à la COP30 au Brésil. Moins de 3 % des financements climatiques mondiaux soutiennent de telles approches.
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Dans son rapport, ActionAid dit avoir établie une analyse portant sur deux grands fonds climatiques mondiaux (Green Climate Fund et Climate Investment Funds). Il en ressort non sans regret que :
- Seulement 2,8 % du financement climatique soutient la transition juste.
- 1 projet sur 50 seulement y est réellement consacré.
- À peine 1 dollar sur 35 sert à financer des actions qui aident les travailleurs et communautés à s’adapter.
Cette évidence montre plutôt que les besoins des populations en première ligne de la crise climatique sont négligés, au profit d’approches purement techniques ou industrielles, regrette ActionAid.

Conséquences et risques
Sans approche “juste”, le rapport laisse craindre que la transition écologique risque malheureusement d’accroitre les inégalités, de déstabiliser les emplois et les moyens de subsistance ou carrément provoquer des résistances ou des retards dans la lutte contre le changement climatique.
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A ce sujet, Arthur Larok, Secrétaire général d’ActionAid laisse entrevoir par exemple que « ce sont les pollueurs, pas les travailleurs, qui devraient payer le prix de la transition. » Il dénonce de ce fait, la faiblesse du financement et le risque d’inégalités accrues.
Teresa Anderson, auteure du rapport déclare pour sa part que, « Personne ne devrait choisir entre un emploi sûr et une planète sûre. » Elle insiste sur la nécessité d’inclure les besoins humains dans la transition verte.
Le rapport fait allusion à des données de terrain pour être plus éloquent
En Amazonie brésilienne par exemple, explique le rapport, une communauté vivant du babassu (noix de palme) subit des pressions et intimidations pour quitter ses terres au profit de l’agriculture industrielle (soja, maïs, élevage). Le rapport fait aussi allusion à d’importantes attaques chimiques par pesticides qui ont affecté la santé des habitants. Il regrette tout de même que malgré une interdiction, la déforestation continue. Et, il estime que tous ces aspects sont une illustration concrète des dommages causés par l’absence d’une transition juste.
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ActionAid propose ainsi
Qu’il faut abandonner les combustibles fossiles et l’agriculture industrielle, mais en adoptant : les énergies renouvelables, l’agroécologie, et des mesures qui garantissent emplois, droits et protection sociale.
En prélude de la COP30 à Belém
ActionAid demande la création d’un “Belém Action Mechanism” pour :
- Coordonner les efforts internationaux pour une transition juste,
- Partager les apprentissages,
- Soutenir la mise en œuvre concrète.
ActionAid veut que la COP30 soit le moment d’un engagement mondial fort pour placer les populations au centre de la transition climatique juste et équitable.
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John TSONGO : cofondateur de la radio Panafricaine, Journaliste et écrivain Africain, passionné des questions de science, d’environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire
